mardi 21 octobre 2008

ZOLA MIGUEL MANUEL A FUI L’ANGOLA. AUJOURD’HUI, PEINTRE EN BATIMENT, IL RETRACE SON PARCOURS DANS DES POEMES.

Zola Miguel Manuel vient de loin. A l’âge de dix sept ans, Zola a fui l’Afrique australe et son Angola en guerre et c’est dans un foyer d’accueil du Nord de la France qu’il a trouvé asile. Depuis, il a jeté ses amarres à Toulouse et en a fait son port d’attache. Placé ici aussi, dans un foyer, il a eu la volonté d’y apprendre le français, puis d’obtenir en 2004, un BEP en peinture du bâtiment. Aujourd’hui, il vit de son métier de peintre en bâtiment, il a son logement et voit sa passion de l’écriture récompensée. Car, si Zola Miguel Manuel, a dès son plus jeune âge, écrit des poèmes en portugais et en ‘’kikongo’ la langue de son pays, il les a dernièrement traduit en français et vient d’en publier un recueil. C’est à cette occasion, que par l’intermédiaire d’une de ses connaissances, nous nous sommes rencontrés dans son impeccable petit appartement de la route de Launaguet.

ZOLA A TOUJOURS L’ESPOIR QU’UN JOUR CELA IRA MIEUX
En cette fin d’été, un rayon de soleil passe par l’étroite fenêtre du studio et découpe la silhouette longiligne de Zola, sur le fond blanc de sa petite pièce à vivre. Le garçon noir qui m’accueille est vêtu d’un pantalon de toile blanche et d’un tee-shirt noir. Il est grand, mince et son visage émacié arbore une barbichette, ses cheveux sont crépus et court. Zola m’accueille debout, un livre à la main et avec le sourire. Un sourire large et généreux qui invite au dialogue. Tout de suite nous allons aborder sa passion de la poésie et faire ressurgir son passé.
Durant l’heure que nous passerons ensemble, Zola, gardera souvent les mains jointes sur ses genoux, ce geste semblant lui apporter paix intérieure et sérénité. Sans détour, il se racontera et me montrera qu’à vingt-trois ans, il est relativement bien dans sa tête, malgré toutes les péripéties de sa vie. Car Zola se veut résolument optimiste pour lui et son Afrique. Dans ses poèmes, il parle de son quotidien en Angola, de la guerre, de la souffrance, de la famine, du sida, mais toujours en gardant espoir qu’un jour, ça ira mieux …
Sa rencontre m’a touchée et me touche encore. Car bizarrement, quand Zola fait ressurgir ses souvenirs, empreints de souffrance, ses mots n’inspirent pas la pitié. Il est d’une grande pudeur, et ne se glorifie de rien. Parfois, derrière ses lunettes cerclées de noir, ses yeux perdent de leur habituelle brillance. il s’interdit alors de parler de certains faits qu’il a vécu, comme sa fuite d’Angola et la perte de ses proches. Dans ces moments là, il va même jusqu’à se justifier à mi voix : ‘’ Je ne veux pas que amis et mes connaissances actuelles, sachent tout de ma vie, car j’ai peur qu’ils me voient différent de ce que je suis…et de l’homme qu’ils connaissent.’’ Oui, Zola n’est pas un jeune homme comme les autres. Sur son visage noir ébène, on y lit à la fois toute la misère du monde, mais aussi l’espoir qui le fait avancer. Son sourire, parfois dur et froid, parfois doux et tendre, est touchant, à l’image du regard qu’il porte sur l‘humanité. Touchant comme sa réflexion ‘’Liberté, quel est ton prix ? Puis-je t’acheter ? Dis-moi où et sur quel marché ?’’, qui figure sur la couverture de son recueil intitulé ‘’ Mon dernier souhait’’. Dans ‘’Diamant noir’’, son prochain carnet, Zola Miguel Manuel, mettra en exergue la beauté de la femme africaine. Une façon sans doute de rendre hommage à sa jeune meilleure amie emportée par le sida.
Si Zola, adore la poésie, il aime aussi la musique, veut entreprendre des études universitaires et croque malgré tout, la vie à pleine dent, même si elle n’a pas été, et n’est pas, toujours facile.